La guerre de 1914-1918 : l’année 1917

Le chemin des Dames « OFFENSIVE NIVELLE » – 16 avril 1917

Cette bataille est l’une des plus meurtrières et sera à l’origine des mutineries de 1917. Dès fin 1916, une grande offensive franco-anglaise est décidée entre Reims et Soissons. Le Général NIVELLE prend le commandement et met en place une force de près d’un million d’hommes, de 180 chars, de 5000 pièces d’artillerie sur un front de 40 km de large. Les allemands ont eu connaissance des préparatifs français et se sont repliés sur un plateau qu’ils occupaient depuis 1914. C’est un  véritable observatoire, dominant les vallées à l’est et au sud. Transformé en forteresse, il abritera plusieurs lignes de défenses truffées de barbelés et de mitrailleuses camouflées, reliées par des souterrains. Le 16 avril, l’assaut est lancé. L’attaque française subit un échec cuisant qui  s’explique par : une artillerie peu précise, un terrain détrempé, labouré, à découvert, une mobilité des troupes insuffisante, des fantassins lourdement chargés, des chars embourbés et inefficaces. Il y aura 30 000 tués la 1ère semaine : des « mutineries » vont éclater(1). Dès le 15 mai, le Général PETAIN remplace le Général NIVELLE(2). Après une forte contre offensive allemande mi-juin, les français prendront la Caverne du Dragon aux troupes allemandes. Des offensives auront lieu des 2 côtés pour contrôler des points hauts du Chemin des Dames. Et c’est le 24 octobre qu’une offensive française victorieuse est lancée sur le fort de La Malmaison. Elle est due à une bonne préparation de l’artillerie et à une bonne utilisation des chars, plus légers et plus percutants. Les allemands reculent. Mais on comptabilisera de grosses pertes, en particulier du côté des tirailleurs sénégalais. voir diaporama

(1) Après cette défaite du 16 avril 1917, les soldats sont à bout : du mois de mai à fin juin, des « mutineries » secoueront le front et affecteront plus de 150 régiments. Après 3 années de guerre, la révolte gronde devant l’incapacité des chefs, les assauts répétés, meurtriers et sans résultats, les troupes au repos que l’on renvoie à l’assaut… La colère et le désespoir s’emparent des poilus. Le village de CRAONNE, où de nombreux soldats sont tombés, devient le symbole du sacrifice inutile. La chanson de Craonne devient l’hymne clandestin de la mutinerie. Pour écouter la Chanson de Craonne cliquer ICI  Lire les paroles ICI

(2) Lorsque le Général PETAIN prend la direction des opérations, il va assouplir la condition de vie des soldats en améliorant la nourriture et en donnant des permissions. Mais il exige que les meneurs les plus virulents  soient sévèrement punis : 3 500 soldats sont condamnés aux travaux forcés ou à la prison ; 554 sont condamnés à mort ; 43 seront exécutés.

L’année 1917 va être décisive pour la suite des événements :le 6 avril 1917, après 30 mois de neutralité, les Américains entrent en guerre. En effet, deux ans plus tôt, le 7 mai 1915, les américains avaient déjà menacé d’entrer en guerre suite au torpillage par l’Allemagne et naufrage du paquebot transatlantique britannique, le LUSITANIA : 1 200 passagers avaient périt dont 200 américains. L’Allemagne, prudente, suspend la guerre sous-marine. Mais, subissant un blocus économique très déstabilisant, elle décide de reprendre en février 1917 la guerre sous-marine et provoque ainsi la décision du Président WILSON ce 6 avril 1917. Les américains feront appel au volontariat pour constituer une armée de plus d’un million d’hommes. Les premières troupes arriveront en juillet 1917, commandées par le Général PERSHING. Elles ne seront réellement engagées que mi-1918 pour nous mener vers la victoire. Nous rendrons hommage à cette année de fin de guerre l’année prochaine, en novembre 2018.

 

L’AVIATION  et son héros Georges GUYNEMER : une nouvelle arme voit le jour pendant la 1ère guerre mondiale : l’aviation. Très vite, les états majors des forces militaires engagées dans le conflit ont vu les possibilités que présentait l’avion. De nombreux  pilotes montrèrent leur bravoure lors de duels aériens. Il existait une sorte de reconnaissance entre les pilotes comme au temps de la chevalerie. Georges GUYNEMER : si un homme incarne bien cette mentalité, c’est bien lui. Il est né le 24 décembre 1894 à Paris. Pilote de chasse dans l’escadrille « les cigognes », on lui reconnait 53 victoires homologuées.  On ne peut parler de G.Gyunemer sans évoquer son avion « le vieux Charles » qui était un SPADS VII , muni d’un moteur Hispano Suiza de 180 CV.  Le 11 septembre 1917 il est abattu au-dessus de la Belgique. Il est nommé Officier la Légion d’Honneur en 1917.  Tous les 11 septembre, dans chaque base aérienne française, a lieu une prise d’armes au cours de laquelle est lue cette citation en l’honneur du Capitaine Georges GUYNEMER  : « Mort au champ d’honneur, le 11 septembre 1917, ce héros légendaire est tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Il restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations ».

 

Nos voisins d’Amérique en pèlerinage

Le vendredi 16 et samedi 17 juin 2017, les Amis du Vieux Lançon ont eu le plaisir d’accueillir le fils et la petite-fille d’un pilote américain, Wesley Coss, qui, lors d’un bombardement aérien, s’est écrasé sur la commune de Lançon, à Val de Sibourg, au lieu-dit « les Escalèdes ». Le 27 janvier 1944, il a 20 ans. Rescapé, il réussit à passer en Espagne avec l’aide de résistants français. Aujourd’hui, âgé de 94 ans, Wesley Coss vit en Californie. Ses enfants ont réalisé enfin leur projet de venir sur l’endroit de l’accident et repartir avec un peu de terre de ce lieu souvenir.

voir articles de journaux  :     Les Américains (1)   et   les Américains (2)

 

1914 -1918 : les soldats du midi, héroïques mais diffamés

En août 1914, les soldats provençaux du XVe corps sont engagés dans l’une des premières grandes batailles opposant les Français aux Allemands. En fait, l’ennemi attire les Français sur un terrain qu’il a fixé comme champ de bataille, avec une artillerie dont les tirs sont réglés à l’avance.
Les troupes se font massacrer sous un déluge d’obus et de mitraille sans même voir un seul soldat ennemi. Les Méridionaux abandonnent 10 000 morts sur un terrain boueux d’étangs et de prairies, totalement exposé où l’on n’aurait jamais dû les faire manœuvrer (1). Peu après ils sont pourtant accusés d’être les responsables de la défaite. La rumeur se répand via la presse parisienne et notamment un article du sénateur Gervais dans Le Matin (1,6 millions d’exemplaires par jour) intitulé « La vérité sur l’affaire du 15e corps » que relaient nombre de leader d’opinion comme Clémenceau, alors député du Var.
Peu de voix s’insurgeant contre les affirmations du ministre, hormis la presse du Midi qui affirme d’emblée son hostilité aux propos de Gervais, à l’instar du Petit Marseillais qui le traitera de « honte du Sénat et fumier de la presse ». Ou encore celles de députés du sud qui, en haut lieu, font savoir leur désaccord avec des « allégations incontrôlables sinon mensongères dont leurs compatriotes ont été les victimes ». 
Dans la réalité, cette intoxication de l’opinion publique est manipulée par le généralissime Joseph Joffre et le ministre de la Guerre Adolphe Messimy.
La vérité est que l’Etat-major est dans l’erreur, lui qui a préparé la guerre de 14-18 avec le point de vue de celle de 1870. La vérité est que l’armée française promise à gagner Berlin en quatre semaines, recule alors sur tous les fronts. L’impréparation vis-à-vis d’une armée allemande qui a choisi son terrain d’affrontement et s’est embusquée, couplée à la doctrine de l’offensive allemande avec « Rosalie » (la baïonnette), accouche d’une hécatombe. Il faut donc des lampistes et Joffre fait accréditer la légende que ce sont les soldats de « l’aimable Provence » qui auraient lâché pied devant l’ennemi et causé l’échec de l’offensive de l’Est.
Ce mensonge gagnera toute la France. Et les soldats méridionaux seront désormais diffamés par la propagande officielle. Or, si les historiens ont depuis reconnu que le XVe corps, en août 14, se battit comme les autres corps, voire aussi bien que les unités dites d’élite, cet affront ne fut jamais lavé. Les auteurs de cette manipulation, les militaires de l’Etat-major et leurs complices de la droite nationaliste, n’ayant jamais eu à rendre des comptes de cette ignominie.