Les personnages illustres


Adam de Craponne  (1526-1576)

Ce Salonais, ingénieur du roi, peut-être considéré, pour ses nombreux travaux d’assèchement et de canalisations réalisés en Provence, comme un bienfaiteur de notre région. Son fameux canal construit vers 1558, prend l’eau de la Durance en face de Cadenet ; il se divise après Lamanon en deux branches principales. L’une rejoint le Rhône à Arles après avoir traversé la Crau d’Est en Ouest, l’autre, dite de Salon, aboutit à l’Etang de Berre.
Auprès de la communauté de Lançon, il s’est engagé à mener à ses frais une dérivation du canal, capable de faire moudre à un moulin, construit également à ses frais, vingt charges de blé par jour. Insérer More Ces travaux comprenaient aussi l’installation d’un « coup perdu » ou les riverains pourraient prendre gratuitement leur eau d’arrosage deux jours par semaine. Les multiples exigences de la communauté créèrent à Craponne des difficultés qui le contraignirent à vendre une partie de ses droits à des particuliers. Ceux-ci négligèrent les travaux d’entretien qu’ils devaient assumer. Sommés par les édiles de les exécuter, ils intentèrent un injuste procès à l’ingénieur.
Celui-ci, las de ces tracasseries, préféra céder le reste de ses droits.
Avec quelle patience et quelle opiniâtreté cet inventeur de génie sut triompher des énormes difficultés que représentait une telle entreprise au XVIe siècle ! Il y laissa sa fortune et sa vie, sacrifice qui à fait de  20 000 hectares arides de la Crau des sols irrigués et productifs. A Lançon, plus de soixante dix hectares de terre médiocres se sont couverts, grâce à Adam de Craponne, de prairies et de cultures maraîchères.

♦ Antoine de Trets  (1655- 1702)

 
L’identité de ce personnage dont une de nos rues porte le nom a été dévoilée  grâce aux renseignements fournis par monsieur Antoine RICHARD de TRETS. Dans le dictionnaire du Parlement d’Aix, il est cité comme le fondateur de l’Hôpital de la Charité d’Aix. Par son testament fait en 1699+, il chargeait cet hôpital de nourrir et d’entretenir annuellement 24 orphelins de la Tour d’Aigues, Pélissanne, et Lançon, Insérer More et de leur apprendre un métier dans cet établissement : « tisserand, cardeur, cordonnier ou boulanger » et de les « mettre dehors » à seize ou dix-sept ans, ce métier en main, et munis de ce qui pouvait rester de leur héritage. Les filles devaient être formées à la couture et à la cuisine, et doté de cinquante livres quand elles se mariaient. Si les trois villes désignées ne pouvaient fournir chacune huit orphelins, les curés, le juge et les consuls étaient tenus de choisir parmi les enfants les enfants les plus pauvres et les plus abandonnés.
La générosité d’Antoine de TRETS valait bien que Lançon donnât son nom à une de ses rues.

♦  Merri FRANQUIN (1848 – 1934)
Né à Lançon, Merri Franquin fut une grande figure de la musique de la fin du XIXe siècle. Il découvre très jeune la musique en s'initiant en autodidacte sur un « piston ».instrument de cuivre découvert dans la maison familiale. Après avoir exercé ses talents à Marseille en qualité de cornettiste , sa carrière et sa renommée se fait à Paris au sein des plus prestigieuses salles de concert.  Pendant 31 ans, il est également professeur de la classe de trompette au Conservatoire National de Musique de Paris, où il forme de nombreux artistes qui deviendront de grands instrumentistes de cette époque. Décédé le 22 janvier 1934 à Paris, son corps repose dans le cimetière de Lançon.

Le prochain Bulletin d'Histoire Locale à paraître fin 2019,vous permettra de connaître plus précisément la vie et la carrière de cet illustre lançonnais.
♦ Edmond Théry, viticulteur lançonnais et économiste parisien (1854-1925)
Edmond Théry est né le 21/11/1854 à Rognac (Bouches du Rhône). Son père, Henry Léon Théry y exerce le métier de boucher. En 1856, la famille s’installe à Lançon. Sa mère, Claire Augustine Favier (1932-1866) décède prématurément à l’âge de 34 ans. C’est Joséphine Hélène Roux (1838-1912), veuve de Joseph Louis Ricard qui élèvera le jeune Edmond. Son père l’épousera quelques années plus tard.

Edmond Théry s’installe à Paris dès 1880. Sa carrière militaire commencée à 18 ans dans l’artillerie se termine vers 1897 en tant que rédacteur du journal de l’armée auprès du gouvernement de Paris. Durant la première guerre mondiale, il travaille pour le Ministère de la guerre. Il préconise le blocus économique.

Son goût pour l’écriture oriente sa carrière vers le journalisme dans divers quotidiens tels que Le Voltaire, La Justice de Georges Clémenceau, Le Matin et Le Figaro. Il se spécialise dans l’édition de bulletin financier, devient courtier, conseiller, publicitaire, pour de grands établissements de crédit.

En 1892, il fonde et dirigea jusqu’à sa mort L’Economiste Européen, hebdomadaire traitant des grandes problèmes économiques et financiers. Il édite également plusieurs ouvrages marquants: Les progrès économiques de la France, La question de l’argent aux Etats-Unis, Le Péril Jaune, La fortune publique de la France…

Edmond Théry n’a jamais oublié sa terre natale. Il y possédait de nombreux domaines vinicoles : Château Virant à Lançon, Château Saint Jacques à Rognac, La Malferrade à Berre, La Verdière à Velaux. La mise en bouteille s’effectuait à la cave situé à la Tête Noire à Rognac. Il y avait aménagé des caves souterraines pour la vinification de vins mousseux méthode champenoise. En 1909 fut créée l’appellation « Le Royal Provence ». Sa production s’exportait sur l’ensemble du territoire français mais également aux Etats Unis, en Indochine, dans toute l’Europe. En 1922, à Marseille, au cours de l‘Exposition Coloniale, un Diplôme d’honneur est décerné pour l’ensemble des vins appellation Royal Provence. En 1926, est mis en bouteille un vin rouge sous l’appellation Château Virant.

En 1913, il est promu grand officier de la Légion d’Honneur suite à un rapport présenté par le Ministre de l’Agriculture. Il était membre de l’Académie des Agriculteurs, du Conseil supérieur des chemins de fer et Président de la Presse économique et financière.

Par sa force de travail, son intelligence, l’étendue de ses connaissances, Edmond Théry a œuvré à la destinée économique de la France.

En souvenir de ses années d’école à Lançon, Edmond Théry fit un legs à la commune pour la création d’un prix annuel attribué aux deux lauréats du certificat d’étude, une fille et un garçon : le prix Edmond Théry. (Délibération du 4/4/1897). La récompense sous forme d’argent était distribuée lors de la fête communale.

Edmond Théry, est enterré à Paris, au cimetière de Montparnasse.

Sur la concession perpétuelle n° 5, de l’ancien cimetière de Lançon, dans la chapelle de la famille

THERY RICARD, reposent son père, sa mère et sa belle-mère.

Lançon se doit de conserver le berceau de ses origines en protégeant la Chapelle où reposent ses ancêtres.

(Extrait des Bulletins d’Histoire Locale n° 43 juin 2002 et n° 44 juin 2003,consultables à la Médiathèque de la ville de Lançon-Provence ou à la Maison des Arts et Traditions Provençales -20 boulevard Pasteur- 13680 Lançon-Provence.

Emmanuel SIGNORET  (1872-1900)

Né d’une vieille famille de paysans lançonnais, Emmanuel manifesta dès l’enfance une vocation poétique remarquable. A 17 ans, il était déjà un homme de lettre, cherchant à Paris un éditeur pour sa première œuvre, Le Livre de l’Amitié. A 19 ans, il avait fondé deux revues ; à 20 ans il lançait le Saint-Graal, qu’il dirigea toute sa vie, cette courte vie qui fut une succession de bataille contre l’incompréhension, la calomnie, la misère, la maladie, mais qu’illuminèrent des amitiés passionnées, des affections profondes, et surtout l’amour de la poésie, la foi de son propre génie.
Décédé à l’âge de 28 ans, presque inconnu de nos jours, il eut l’estime de grands écrivains : Mallarmé, Mistral, Jaloux. André Gide, qui admirait la »perfection » de son style, consacra à Signoret une « Lettre à Angèle » et publia en 1908 »Les Œuvres complètes d’E. Signoret au Mercure de France. Il les fit précéder d’un très bel éloge de ce poète maudit qui choisit de sacrifier sa vie à son art, et qui mourut « étouffé par la misère et la nuit ».
L’œuvre de Signoret ne s’enferme dans aucun des courants coexistants à la fin du XIXe siècle. Elle élève l’esthétisme poétique à un sublime pindarique que lui inspire sa certitude de créer du nouveau et sa communion avec la splendeur de l’univers. Après Daphné (1894), Vers dorés (1896), il atteint le sommet de son Art en 1899 avec la Souffrance des Eaux, les Sonnets (dont plusieurs célèbrent Lançon), Le Tombeau de Stéphan Mallarmé et , quelques mois avant sa mort, les Elégies et le Chant Civique.
Notre village a donné le nom de Signoret à la rue qui longe sa maison natale. Plein de reconnaissance pour le poète qui a fait entrer le nom de Lançon dans la littérature française, il a voulu l’honorer tout particulièrement en plaçant son buste exécuté par Henri de Groux en 1914, sur la Place de l’église.

Les lettres inédites d’Emmanuel Signoret à Joachim Gasquet, commentées par Lou Mallerin, préfacées par Raymond Jean, ont été publié en 1988 par l’université de Provence, à l’instigation du groupe d’histoire locale de Lançon.
Les N° 10, 17, 22, 24, 26, 27, 28, 29 des B.H.L. présentent deux portraits, des notes bibliographiques, des textes de ce poète, lettres et commentaires, poèmes en prose et en vers : Chant Civique, Epousailles, Temple à la Splendeur, Les oliviers.

♦ Henri CAT (1877-1905)

Ce peintre contemporain d’Emmanuel SIGNORET se signale, comme lui, par un talent que sa courte vie ne lui laissa pas le temps d’approfondir et de faire connaître. Né à Saint-Chamas dans une famille aisée, il passa son enfance dans le domaine de Paraloup qu’il a plusieurs fois évoqué dans son œuvre. Lui aussi « monta » à Paris, où il travailla de 1902 jusqu’à sa mort. Une exposition posthume, en 1909, révéla ce peintre inconnu dont Emile SICARD traça  un portrait ému : « Jamais je ne l’ai vu se séparer d’une certaine apparence désolée qui ressemblait bien à sa vie intérieure , sorte de cloître où sa ferveur était aux prises avec ses doutes ». (L’autoportrait d’Henri CAT  orne la couverture du B.H.L. N° 27 et la liste de ses toiles figure dans le B.H.L. N° 28). Malgré les louanges qui accueillirent ces œuvres en 1909, elles restèrent ignorées du grand public. Ce n’est qu’après la mort de sa dépositaire qu’elles firent leur entrée au musée CANTINI à Marseille et au musée GRANET à Aix- en-Provence.
Monsieur Pierre GAY, qui en possède une vingtaine par héritage, en présente une analyse dans le B.H.L. N° 27.
Henri CAT a 9 ans quand meurt MONTICELLI, et son œuvre est contemporaine des dix dernières années de CEZANNE. Mais son style, différent de ses deux aînés, s’apparente plutôt à l’impressionnisme : sans doute peint-il parfois, comme MONTICELLI, des fêtes galantes dans des parcs aux magnifiques frondaisons, peuplées de silhouettes féminines en robes blanches. Mais CAT a pour caractéristiques propres, comme le signalait Emile SICARD dans la revue « Le Feu » en 1909, d’être le peintre des « apparences », qui donne la primauté aux couleurs, appliquées en « petites touches précipitées ». Ses paysages provençaux sont empreints d’un amour sensuel des fraîches rivières, des vieux mas et des pierres brûlées de soleil.

Dans l’attente d’une exposition qui fera mieux connaître son œuvre, les lançonnais ont dédié à Henri CAT un joli chemin agreste qui fuit le tumulte de la départementale 113.

♦ Maître André Wolff  (1900 – 1944)

Notaire et résistant : né à Belfort en 1900, massacré à Signes (Var) par la Gestapo le 12 août 1944.
En 1938, il reprend l’étude notariale de Maître Chave à Lançon de Provence , et en 1939, il est très touché de ne pouvoir participer à la défense du territoire français car il a été réformé à cause d’une grave maladie.
Dès le désastre de 1940, ce patriote alsacien dont la famille a déjà payé un lourd tribut est très affecté et cherche à servir la France.
Grâce à ses positions franches et sincères, des amis lui font rencontrer le capitaine Roustan, chef désigné de la Résistance salonaise depuis février 1942. Ainsi Maître André Wolff mettra son patriotisme au service de la  Résistance. Il y joindra un courage, que beaucoup admirait et surtout une intelligence vive et subtile.
Parlant très bien allemand, il participe à la lutte contre l’occupant, en collectant avec ses compagnons de combat, de nombreux renseignements sur les faits et gestes des occupants.
Avec Roustan, Morgan, Cabrier et bien d’autres, ils transmettront très vite aux Alliés les mouvements des troupes allemandes, les emplacements des batteries de la D.C.A. (défense contre avions), et surtout les arrivées des avions ennemis qui seront détruits par la R.A.F anglaise (Royal Air Force) ou l’U. S Air Force américaine, dès leur arrivée sur l’aérodrome de Salon de Provence. Il permet de déserter à de nombreux alsaciens, enrôlés de force dans la Luftwaffe (Armée de l’air allemande). Il aide de très nombreux réfractaires au S.T.O (service de travail obligatoire) à gagner les maquis en leur fournissant des fausses cartes d’identité et d’alimentation.
Après l’arrestation de Marcel Roustan, il prit le commandement du groupe de résistants lançonnais et des déserteurs  alsaciens de la Wehmacht. N’ayant pu rejoindre le plateau Sainte Anne à Lambesc, sur le chemin du retour, il mystifia une fois de plus les soldats allemands qui voulaient les arrêter en faisant passer ses amis pour ses ouvriers en route pour la base de Salon où ils étaient attendus pour des travaux urgents.
En lisant les bulletins d’histoire locale n° 38 et le n° 45, vous pourrez l’apprécier plus encore.

♦ Francisco CARAVACA (1902 – 1975)

Notre village a fait de ce poète espagnol l’un des siens : il repose en terre lançonnaise, après avoir passé la fin de sa vie auprès de notre concitoyenne Madame DUCHENE.
Né à Murcie, il quitte avec sa famille ce centre de la riche Huerta pour s’installer à Barcelone, la capitale catalane. Après une licence de lettres, il se lance dans le journalisme, qui lui permet d’affirmer ses positions politiques. Ses premiers ouvrages littéraires sont historiques : l’un d’eux se réfère plus particulièrement à l’épopée napoléonienne. Les plus importants sont une biographie de « l’insigne catalaniste Pi Y MARGALL » et une étude du poète ANGEL GUIMERA. Insérer More L’année 1931 amène, avec la République, la réalisation des rêves de CARAVACA: la liberté de la presse, la rencontre avec les grands poètes : LORCA, ALBERTI….Trop court état de grâce : en juillet 1936, un soulèvement contre le gouvernement républicain, dont le général FRANCO prend la tête, déclenche une guerre civile qui va durer presque trois ans, avec toutes ses horreurs : assassinat de Garcia LORCA, destruction de GUERNICA… CARAVACA se bat pour la République, croise sur son chemin la Pasionaria et fait partie, après la défaite, de la cohorte des plus fidèles des fils de l’Espagne qu’elle rejette hors de ses frontières.
Après de multiples épreuves, les souffrances de l’exil, la vie difficile des camps de réfugiés, l’humiliation d’être accueilli par le gouvernement français comme un suspect, il arrive à Lançon où il se fixe définitivement quelques années plus tard.
Son œuvre, en terre d’exil, se compose de trois recueils de poèmes : Arena (Sables) 1953, Umbral (Seuil) 1956, Exodo (Exode) 1962. Dans ce dernier, il indique sous quel signe il place chacun de ces trois livres : l’Espoir, l’Amertume, le Désespoir.
Le B.H.L. N° 25 présente, avec la biographie de CARAVACA, une anthologie de poèmes traduits (1) par Colette BOUDROIT, Maurice DAROLLES et Georges VIRLOGEUX. Ce dernier, qui a bien connu le poète, a créé à la bibliothèque universitaire d’Aix-en-Provence un fonds CARAVACA ; à son initiative, le groupe Théâtre de la Bergerie monta en 1981 un spectacle totalement inédit consacré à l’auteur espagnol, composé d’une comédie, « le farceur et la veuve » et d’un remarquable montage poétique. Le même B.H.L. N° 25 reproduit un « romance » mis en musique par CARAVACA et offre une bibliographie de l’oeuvre du poète.

(1) le B.H.L. N° 21 contient un texte original en espagnol, Arena, avec sa traduction