Le Religieux

♦ La chapelle Saint-Cyr

Située au bord de la route nationale 113 sur le chemin des Baïsses, c’est le joyau de Lançon. Ses proportions harmonieuses (14 m de long et 10 m de large au niveau des croisillons), ainsi que la beauté de son appareil font d’elle une des plus remarquables petites églises rurales de la région.
Datant probablement de la fin du XIe siècle, elle fut le centre du vieux village que vinrent fonder les habitants de Pomier, à la chute de l’Empire Romain. Ils avaient là leur cimetière, entourant l’église sur trois côtés, et leur puits orné d’une croix de fer. Les débris de celle-ci sont conservés au Musée du Vieux Salon.
Cette chapelle romane, de construction très simple, comporte une nef unique de trois travées, voûtées en berceau, terminée par une abside en cul-de-four.
Deux chapelles latérales forment une sorte de faux transept comparable à celui de Saint-Marcellin de Boulbon. La façade occidentale est aveugle, seuls le choeur et les croisillons sont percés de petites ouvertures. Un clocher à baies géminées surmonte le pignon du côté oriental. La toiture en lauzes repose sur une corniche supportée par de petits modillons. Aucun ornement, à l’intérieur comme à l’extérieur, ne vient altérer la pureté des lignes et des volumes. On peut noter la similitude d’architecture entre l’abbaye cistercienne de Sylvacane et la chapelle Saint-Cyr, toutes deux situées sur les terres des seigneurs des Baux.

Dans le fond de la chapelle, une petite pierre tombale de 65X65 cm présente un cartouche avec : « + 1560 MICHeL » et un autre cartouche avec deux lettres brisées et « NOVeL ». Des sondages réalisés en 2005 ont révélé la présence de fondations d’un édifice plus ancien.

♦ L’église paroissiale

L’église paroissiale, dédiée à Saint-Cyr et Sainte-Julitte s’élève sur un éperon rocheux au centre du village.
Elle fut édifiée par des Lançonnais soucieux de leur sécurité à l’intérieur de la 3e enceinte des remparts dans le courant du XIVe s.
De cette époque subsistent, à l’intérieur de l’église côté sud, quatre piliers carrés et massifs, formant une chapelle et supportant une tour-clocher de forme carrée avec logement pour les cloches. Nous pouvons remarquer sur l’un des quatre piliers (celui du sud-ouest) un chapiteau à feuilles d’acanthe caractéristique de l’époque. Un premier agrandissement intervient au XVIIe s. Toujours à base d’éléments architecturaux dépouillés et massifs (8 piliers carrés), le nouvel édifice va prendre ses appuis autour de la chapelle primitive sur 3 côtés : est, nord, ouest. Il sera cette fois agrémenté d’une voûte ogivale recouvrant la nef centrale à 5 travées d’ogives et terminée par une abside en hémicycle. Le choeur lambrissé de stalles de la même époque communique derrière le maître-autel avec une sacristie. Sous celle-ci se trouve une pièce dont la tradition orale rapporte qu’elle aurait servi de prison. Durant la seconde moitié du XVIIIe s., l’édifice va subir d’abord un embellissement avec le repavage, en 1762, du sol de la nef en pierres de Mabonne (Gard), et la mise en place du maître-autel actuel. Puis, entre 1777 et 1780, d’importants travaux aboutiront à l’allongement de la nef centrale sur 6 m vers l’ouest, et à l’édification du portail monumental précédé d’un escalier et de la tour-beffroi surmontée d’un élégant campanile en fer forgé si caractéristique du midi de la France. La cloche qu’il abrite, datée de 1643, sonne les heures du temps qui passe. La façade, au-dessus du portail, est décorée d’un vitrail de forme arrondie frappé aux armes de Léon XIII, pape de 1878 à 1903.

L’église actuelle n’a subi pratiquement aucun dégât lors du tremblement de terre du 11 juin 1909, mais par contre la bâtisse a dû être consolidée après les bombardements de la seconde Guerre Mondiale.

♦ Saint Symphorien

Située sur la RD19, sur la droite, après Bonsoy, la chapelle de St-Symphorien, dédiée au saint patron du village (il est fréquent que le saint patron du village ait sa chapelle en dehors de l’agglomération), est située dans une zone très tôt peuplée. Il est probable que le premier habitat lançonnais se soit établi, sur la colline des Escalèdes près du château de Sénéguier, dès la préhistoire. Des sépultures ligures ont été trouvées non loin de la chapelle.
Celle-ci fait maintenant partie d’un ensemble architectural composé d’une maison d’habitation et de la chapelle proprement dite. La maison d’habitation, vendue par la commune en 1976, est l’ancien presbytère dans lequel vivait l’ermite ou desservant de la chapelle. Le dernier, l’abbé Passa, y mourut en 1924. Ce presbytère est lui-même le résultat de l’agrandissement d’une chapelle primitive bâtie sur l’emplacement d’un temple païen. Une inscription tombale païenne découverte par Jean Blanchard (VALERIA ELEUTERE PARC SUA) qu’on a interprétée comme une invocation aux Parques, a été enchâssée à droite de l’entrée de la chapelle, qui avait été rebâtie en 1754-56 à la demande des habitants de Pomier. Vendue pendant la révolution, elle fut rachetée en 1825 par Madame de Siguier, châtelaine de Sénéguier, qui la légua à la commune.
La croix de pierre datant du haut Moyen Âge dressée au bord de la route a été dérobée par des voleurs d’antiquités.

♦ Les oratoires

Fréquents en Provence, ils marquaient l’itinéraire des pèlerinages ou sollicitaient la protection divine lors des grandes épidémies : peste de 1720, choléra de 1832 et 1884.
Il n’en reste plus que deux à Lançon.
L’oratoire de Saint-Cyr a été érigé à la jonction de l’avenue Saint-Cyr et de la rue Nostradamus, avec son pieux contenu. L’oratoire de Sainte-Anne, qui lui fait pendant par rapport à la chapelle Saint-Cyr, est maintenant encastré largement dans le mur d’une propriété privée située en haut de l’allée des Pins. On a placé dans sa loge, en 1935, une statuette de Sainte Anne.

♦ Les croix

On en comptait une dizaine sur le territoire de Lançon. Trois ont disparu, dont la jolie croix romane en pierre sculptée dressée derrière le chevet de la chapelle Saint-Symphorien . Elle présentait, d’un côté, le Christ étendant de longs bras, de l’autre, la Vierge et les attributs de la mort. On peut la revoir en photo sur la couverture du Bulletin d’Histoire Locale n° 3. Sont restées en place une croix de 1739 à l’embranchement du Moulin de Laure sur la RD19, une autre de 1764 sur l’ancien chemin de Sénéguier à Sibourg, au croisement avec la route des « troupeaux allant à la montagne », une de 1805 dans le quartier Saint-Roch. En 1823, les Pénitents Blancs ont marqué d’une croix l’entrée nord-est du village.