Quelques repères historiques
C’est en 1092 qu’apparait pour la première fois le mot Alanzo, toponyme de Lançon sur un document émis par l’archevêque d’Aix par lequel il reconnaît aux chanoines de St-Sauveur d’Aix la possession de la Cure de Lançon.
• 1116 par acte daté de Fos la maison des Baux devient propriétaire du domaine de Berre, dans lequel est compris Lançon.
• 1206 –Hugues des Baux fait don aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem d’une partie de son château de Lançon, à savoir « tout ce qu’il possède au territoire de Calissanne ».
• 1300 –Présence à Lançon d’un hôpital dépendant de l’archevêque d’Aix.
• 1320 –Transaction entre les Lançonnais et les chanoines d’Aix sur la dîme.
• autour de 1380 –Lançon constitue une place forte pendant les troubles du Grand Schisme et des guerres de succession de la Reine Jeanne.
• novembre 1383 et mars 1384 –Sièges infructueux de Lançon par les armées pontificales d’Avignon.
• 1540 –François Ier autorise par lettres patentes la construction de la troisième enceinte de Lançon, financée par des taxes perçues sur des marchandises en transit.
Du Moyen âge à la Renaissance
Jusqu’à la fin du XIe siècle, époque à laquelle fut construite l’actuelle chapelle Saint-Cyr, il y avait dans le village de Lançon au moins une église dédiée à Saint-Symphorien. Il peut s’agir d’une chapelle du château primitif. La construction de la chapelle Saint-Cyr a amené les habitants installés dans la plaine à se serrer autour de leur église et de son cimetière (désaffecté au XXe siècle seulement).
À l’extérieur du village ont été élevées d’autres chapelles : celle de Saint-Symphorien, celle de Calissanne et celle de Notre Dame de Grâce dont la première mention remonte à 1186. L’emplacement de cette dernière est aujourd’hui occupé par une pharmacie. Néanmoins, sa porte a été réemployée pour la chapelle des Baïsses.
Au XIIe siècle,après l’acquisition de la seigneurie par les princes des Baux, le château primitif fait place à celui qui domine le village aujourd’hui. Les seigneurs des Baux l’ont fortifié de façon efficace avec des mâchicoulis sur arcades. En effet, il a résisté à différentes attaques au cours du XIVe siècle, où il a joué le rôle de place forte stratégique régionale.
À l’extérieur de l’agglomération devaient, dans le même temps, s’édifier les domaines féodaux que l’on a connus par la suite. Sur les restes d’une antique villa romaine se trouvait déjà Calissanne. C’était sans doute un ensemble important puisque Hugues des Baux en fit don à l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (le futur Ordre de Malte) en février 1206. Au même titre que Mallemort, Fos, Arles, Trinquetaille et, bien sûr, Aix et Marseille, Calissanne devint une commanderie dépendant du Grand-Prieuré de Saint-Gilles. C’est vraisemblablement entre l’arrivée des princes des Baux en 1116 et les années 1350-70 que les habitants de Lançon, ayant abandonné la plaine, s’installèrent autour du château. Ils construisirent la partie supérieure du village actuel, avec ses trois enceintes successives.
Le XIVe siècle est marqué par des troubles de l’insécurité : après la peste noire de 1348 sévissent les grandes compagnies (soldats désoeuvrés de la guerre de cent ans). Les agglomérations doivent relever leurs remparts et fortifier leurs églises.
Vers 1380, Lançon qui, avec Aix, a choisi le parti du pape de Rome contre celui d’Avignon, est assiégé de nombreuses fois, par les pontificaux d’abord, par Raymond de Turenne ensuite. La désolation suit ces guerres dévastatrices et il est possible que la troisième enceinte ait beaucoup souffert à cette époque. Elle fut reconstruite seulement en 1520, laissant la porte Bouissière encore visible, peu d’années avant qu’une nouvelle famille, les Foresta, ne devienne propriétaire de Lançon, y introduisant le goût nouveau d’une civilisation plus raffinée.
De la Renaissance à nos jours
La seigneurie de Lançon est vendue en 1519 par décision royale à Emeric de Malespine qui la revend lui-même l’année suivante à Christophe de Foresta. On attribue à tort à ce dernier la construction de l’hôtel dit de Foresta ou de Luxembourg, baptisé encore Maison des Templiers. Christophe de Foresta était médecin et conseiller du Roi François Ier. Selon l’historien J.-J. Gloton, il a, en fait, été bâti par les Luxembourg, vicomtes de Martigues dans les années qui ont suivi leur rétablissement dans la seigneurie de Lançon en 1564. Par la suite, la légitimité des droits des Foresta (père et fils) fut contestée par le Trésor Royal.
Cependant, sous François Ier, le Parlement d’Aix rendit en 1535 un arrêt qui donnait à Christophe de Foresta la mainlevée complète. Mais un an après son avènement, Charles IX, en 1561, ordonna de procéder à la vérification de la régularité des aliénations faites par son prédécesseur. En 1562, le château et la seigneurie furent vendus aux enchères. Aucun acquéreur ne se présenta, si bien que les Foresta recouvrèrent l’année suivante la plénitude de leurs droits seigneuriaux. La communauté de Lançon exprima alors son désir de racheter ces droits à son profit. Ce qui fut fait en 1564, par le remboursement aux héritiers de Christophe de Foresta de toutes les dépenses qu’ils avaient engagées pour l’acquisition et l’entretien de la Seigneurie. Enfin, la date du 4 mars 1564 marque le rattachement de la Seigneurie de Lançon au domaine royal, après un demi-siècle de démembrement. Les Lançonnais sont désormais les vassaux directs du Roi de France.
Avec les Foresta se termine l’histoire de la Seigneurie de Lançon qui va désormais se confondre avec celle de la principauté de Martigues à laquelle elle a été rattachée. Les titulaires de cette principauté furent notamment : Marie de Luxembourg, Duchesse de Mercoeur en 1580, qui fit construire à la fin du XVIe siècle l’Hôtel de la rue Pavé d’Amour, puis Françoise de Lorraine et François de Vendôme. Le maréchal de Villars, décoré de la Toison d’or , prend possession de la seigneurie en 1717. Les Villars n’ayant pas de postérité, la principauté fut vendue au marquis de Gallifet en 1770. Le dernier prince de Martigues fut Louis François Alexandre, Seigneur du Tholonet.
La Révolution de 1789 ne fut pas le théâtre d’évènements sanglants, mais les paysans furent durement éprouvés par une série d’hivers rigoureux qui anéantirent les récoltes. On peut toutefois noter, le 21 novembre 1793, la réquisition de deux cloches de l’église de Lançon qui servirent, une fois fondues, à fabriquer des canons pour protéger la République attaquée de toutes parts.
La période 1840-1870 fut marquée par un grand nombre de constructions nouvelles dans le style néoclassique, en particulier l’ancienne mairie (place André Wolff) et quelques châteaux comme ceux de Sibourg, Sénéguier, La Baumetanne.
Le tremblement de terre en Provence du 11 juin 1909 ne fit pas de dégâts notables à Lançon, comme il en causa à Salon, Pélissanne ou Vernègues tout proches. Seules quelques lézardes se sont produites dans le clocher, qui ont entraîné l’abandon temporaire de l’église.
Enfin, si la première guerre mondiale a épargné notre village, la seconde a vu les occupants allemands sur notre sol détruire partiellement les remparts, afin d’en récupérer les pierres pour la construction de pare-éclats (murets de protection pour les avions au sol) et de nids de défense anti-aérienne.
Notons que des travaux récents ont limité la dégradation naturelle des remparts et les ont ainsi remis en valeur.