Les vrais seigneurs de Lançon n’étaient pas ceux que nous enseigne l’histoire : Raymond des Baux, Marie de Luxembourg ou M. de Galiffet. C’étaient les grands propriétaires qui acheminaient vers leurs demeures fastueuses les revenus de la terre.
- Calissanne (RD 10)
Sans doute le domaine le plus riche et le plus prestigieux. Le propriétaire actuel, lorsqu’il traverse sa cour de plus d’un hectare ou l’ancien logis du XVIIIe siècle, marche dans les traces de Raymond des Baux qui l’obtint en 1116, ou dans celles des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à qui il fut donné en 1206. Elle appartient aujourd’hui à M. Philippe Kessler.
C’est la plus grande propriété du terroir de Lançon, ses terres s’étendent à perte de vue. Son nom proviendrait de son premier propriétaire romain, Calicius. Elle s’étend des collines du Jas du Baïle, au-dessus des vestiges de l’oppidum de Constantine, jusqu’aux rives de la Durançole depuis sa source jusqu’à son embouchure dans l’étang de Berre, près des ruines du moulin de Merveille.
La construction du château fut entreprise vers 1660 par Pierre Leydet, conseiller au Parlement et Président aux enquêtes, ou par son successeur, François Leydet, conseiller au Parlement en 1669. Le domaine prit une ampleur considérable autour de 1880 grâce au dynamisme du propriétaire Charles Auguste Vermynck dont le monogramme C.A.V orne le campanile. De multiples bâtiments agricoles furent édifiés autour de ce campanile, à l’ouest de la construction primitive, autour d’une immense cour plantée de platanes et ornée d’un bassin fontaine. Cette cour fermée par des grilles tendait à recréer l’atmosphère d’une villa gallo-romaine avec toutes ses activités ; le domaine employait en effet plusieurs centaines de personnes.
La chapelle de Calissanne, ancien prieuré, appartient aux Templiers qui possédaient un établissement à Berre. Après la dissolution de cet ordre par Philippe le Bel en 1312, elle fut attribuée aux Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem. C’est dans ce sanctuaire que fut déposée la tunique ou chemise de la Sainte Vierge, rapportée de Jérusalem, selon la tradition, par un chevalier de Rhodes. L’édifice étant tombé en ruine, on transporta cette relique dans une maison séculière. Elle en fut retirée en 1469 et portée par Isnard de Grasse, représentant l’Archevêque d’Arles, dans l’église paroissiale de Berre. Le gardien de la chapelle protesta vigoureusement.
L’intérieur a été récemment remeublé par son propriétaire. Nous retrouvons aujourd’hui la distribution primitive : au-dessus des caves, le rez-de-chaussée avec les cuisines et les resserres. Un grand escalier, précédé d’un vestibule et décoré d’une rampe à balustre, dessert les deux étages. Un grand salon se développe derrière les trois fenêtres centrales. Seul le magnifique salon à la française décoré de peintures est encore en place. Les autres pièces ont toutes été transformées au gré des époques ; seule leur ampleur témoigne d’un passé qui dut être fastueux.(D’après Les bastides de Provence.- Nerte Fustier-Dautier)
Le domaine de Calissanne possède des carrières dont certaines remontent à l’antiquité. C’est de ce site qu’on a extrait les pierres récifales utilisées pour la construction du Palais Longchamp, du Palais du Pharo et d’une grosse partie de Notre-Dame Garde à Marseille, ainsi que de nombreuses fontaines à Aix. D’ailleurs, la basilique a récemment été restaurée grâce à des pierres tirées de cette carrière.
Une tradition orale prétend que les amandes produites sur les terres de Calissanne ont donné leur nom aux calissons, célèbre confiserie aixoise.
Calissanne est aujourd’hui un domaine agricole réputé pour ses vins et son huile d’olive.
À côté de ce complexe, le château du XVIIe semble de bien petites dimensions. Il ne de la manque pourtant pas d’allure malgré les transformations qu’il a lui-même subies à la même époque. Ses proportions sont celles d’une grande bastide, presque carrée, trapue, à trois niveaux dont un en attique, couverte d’un toit à quatre pentes. Deux tourelles d’angle, couronnées de coupoles en pierre et percées de canonnières, évoquent encore une fonction défensive. La porte monumentale est ornée d’atlantes soutenant le fronton décoré des armes des Leydet. Le thème des atlantes était un décor fréquemment utilisé dans les jardins italiens du XVIe siècle et il fut très employé dans les hôtels particuliers d’Aix au XVIIe où il fut remis à la mode par Pierre Puget. On le trouve rarement dans le répertoire rural.
- La Baumetanne (RD10 face à Chateau Virant)
À la Baumetanne, le château de briques a été construit après 1850 dans un parc où existait déjà un château plus ancien, bâti sur caves voûtées et dont le cadran solaire date de 1637. Dans le même enclos, on trouve des communs voûtés et dallés, ainsi que des vestiges d’écuries, de four et de moulins à huile dont les pressoirs sont datés de 1847 et 1872. Les bâtiments conservent une cave voûtée en berceau et des vestiges de citernes mallonnées (carreaux vernissés), que les archives font remonter à 1631.
Cette propriété privée met aujourd’hui une salle de réception à la disposition de qui veut organiser festivités et banquets.
- Sénéguier (RD 19, de l’autre côté de l’autoroute)
Le château de Sénéguier, antérieur à sa chapelle, remonterait au début du XVIIe. Là aussi, comme à Sibourg, le hameau est plus ancien et comportait notamment trois bergeries dont l’une, assez bien conservée, est située dans la cour du château. Dans ce dernier au sud, se trouve un jardin d’agrément avec bassin, fontaine et lavoir (appelé autrefois fabrique), fermé par une porte monumentale.
En 1740, ce château appartient au maréchal Louis Hector de Villars, chevalier des ordres du Roy et de la Toison d’Or.
Cette propriété privée offre aujourd’hui une salle de réception pour festivités et banquets.
- Le domaine de Pomier (après Saint-Symphorien, sur la gauche)
On sait que le château de ce domaine fut construit au XVIII° siècle par Guillaume le Jeans, échevin de la ville de Marseille. Il est au coeur d’un domaine agricole. Un moulin à huile daté de 1778 le jouxte sur le côté gauche. À l’arrière, une cour fermée est entourée de communs et un pigeonnier rond, implanté sur une petite butte, semble dominer l’ensemble, telle une tour de guet. Une chapelle servait à toute la communauté. La demeure date de la fin du XVIIIe siècle et n’a pas subi de transformations tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Sur le corps central du bâtiment presque carré, deux ailes en terrasse à la façade incurvée sont reliées au portail par un muret curviligne.
Les trois niveaux sont soulignés par des bandeaux saillants. Le toit très plat est à peine visible, même de loin. Un fronton triangulaire orne le haut de la façade. Les fenêtres aux encadrements en pierre sont décorées à la clé d’une agrafe au niveau supérieur, de masques représentant les quatre saisons au rez-de-chaussée. La porte présente un encadrement en pierres de taille très soigné, et est surmontée d’une corniche moulurée soutenue par des consoles. La clé est ornée d’un motif décoratif sur lequel se détache le visage d’Hercule, coiffé du mufle du lion de Némée. On peut admirer la virtuosité de l’artiste qui sculpta ce décor. Malheureusement, le délabrement du bâtiment interdit actuellement toute visite. Les autres façades conservent un caractère rural et simple comme celui des bâtiments environnants.
Cette demeure se démarque des autres bastides de la campagne aixoise ; sa conception se rapproche d’un goût plus français que l’on retrouve à Avignon ou Montpellier. ».
- Sibourg (RD19 après Sénéguier)
Le château de Sibourg est postérieur à 1850, mais le petit hameau attenant est plus ancien. Il a conservé une bergerie et des vestiges de moulin, d’écurie et de magnanerie, inclus dans des agrandissements récents. L’accès principal du château, une allée bordée de platanes, est fermée par une porte monumentale. L’urbanisation récente des abords du château a largement modifié ce paysage traditionnel que l’on retrouve fréquemment dans la campagne aixoise. Aujourd’hui, le château est devenu un hôtel de qualité.
- Caseneuve (Sur la RD 17 entre Pélissanne et Éguilles, sur la droite)
Vers 1505, Honorato Casanova, comte génois, reçut de Louis XII un domaine de 2 500 hectares.
Il construira là une maison et donnera son nom à la propriété. On sait qu’en 1598, un château s’élevait sur ces terres.
Une façade située à l’est date de 1671. À l’intérieur, sur la face sud, se trouvait la chapelle à voûte double où les premiers Casanova eurent leur sépulture. Au XVIIIe siècle, le château s’est embelli d’une façade nord donnant sur un jardin en terrasses agrémenté d’un bassin avec statue.
À la même époque, un grand parc a été aménagé derrière le portail monumental. Un des puits est daté de 1776. Quant aux dépendances, elles ne comportaient, du moins jusqu’en 1850, qu’une écurie et, plus au sud, une bergerie aujourd’hui en ruine.
Une des salles peut être utilisée actuellement, sur demande, pour l’organisation de festivités et de banquets.